LA CHAPELLE SAINT-LAURENT

La Chapelle Saint-Laurent

Rue Saint-Laurent
57530 Domangeville

Association de la chapelle Saint-Laurent
Contact : M. Michel GERARD
7 rue Saint-Laurent
03 87 64 56 41

 

 

Domangeville (ancienne commune française du département de la Moselle en région Grand Est. Elle est rattachée à celle de Sanry-sur-Nied en 1812 puis à celle de Pange en 1936).

La chapelle dédiée à Saint Laurent, martyr. Son origine est inconnue. En 1771, Messire Pierret, archiprêtre de Varize, alla demander aux habitants de Domangeville «quel était le fondateur de leur chapelle» ils répondirent «qu’ils n’en savaient rien». Au contraire, dans un rapport au vicaire général, le curé de Pange, Auvray, écrit en 1894 : « on croit que la chapelle remonte au XIIème siècle ».

A notre avis, il y a peu de chance pour que le bâtiment actuel date du XIIème siècle : car nous savons de source sûre que le village fut entièrement détruit en 1404 et à nouveau brûlé en 1528. Mais il y eut peut-être une autre chapelle auparavant. Examinons alors les divers fondateurs possibles :

– La chapelle pourrait avoir eu comme fondateur les Bénédictins de l’abbaye Saint-Vincent, créée à Metz en 968. (Voir l’actuelle église Saint-Vincent) ; Ils furent en effet, propriétaires de Domangeville jusqu’en 1294. En tout cas, cela expliquerait bien le patronage Saint-Laurent, les moines de Saint-Vincent ayant possédé des reliques importantes de ce saint et à Metz, un prieuré «Saint Laury» ;

– Elle pourrait également avoir été fondée par les chanoines de la Collégiale saint-Sauveur de Metz (place Saint-Jacques : aujourd’hui disparue). La paroisse de Pange en dépendit de 1093 à 1791 ; mais était-ce le cas aussi dès le début pour Domangeville ? Quoi qu’il en soit, ce sont ces chanoines qui lèvent la dîme dans la localité à partir de 1306, époque où Saint-Vincent quitte le lieu ;

– Enfin, elle peut avoir été fondée par les seigneurs laïcs qui prirent le relais de Saint-Vincent en 1294 : les Paillat, les d’Esch, les Baudoche, les Beauvau … ou par toute autre personne généreuse.

Aucune trace de fondation n’étant signalée aux archives, il est impossible d’en dire davantage.

La première indication certaine est donnée par l’inscription relevée sur l’antique cloche de la chapelle : 1480.

En 1607, la chapelle apparaît dans une liste officielle d’églises en tant qu’annexe de l’église de Pange. (manuscrit de la bibliothèque de la ville de Metz). Elle dut ensuite souffrir de la guerre de Trente Ans (1618-1648). En 1730, seulement, on entend à nouveau parler d’elle : « Cette année, disent les actes, a été rétablie la chapelle de Domangeville par les soins et les libéralités de M. Goussault, conseiller au parlement de Metz, seigneur de Viller et Domangeville. La bénédiction en a été faite par le sieur Wintin, curé de Courcelles sur Nied, archiprêtre de Noisseville en vertu d’une ordonnance de Mgr. L’Evêque de Metz, assisté des sieurs Migeot, curé de Pange, Didier, curé d’Ars-Laquenexy ; Langlois, curé de Saint-Agnan et Colin, vicaire de Sanry sur Nied, en présence mondit seigneur Goussault, bienfaiteur de ladite chapelle, qui les a régalé ledit jour en son château de Viller ». Il nous semble que tout ou partie du mobilier actuel de la chapelle doit dater de ce moment, enlevée la boiserie de l’autel, on lit la date : 1730 ; de même la pierre d’autel porte le nom de Mgr de Cambout de Coislin (1697 – 1732). Le tabernacle et la statuette en bois de Saint-Laurent sont probablement de la même époque.

En 1740, le 3 septembre, une nommée Jeanne Barreau, âgée de 3 mois, fille d’un président des finances des généralités de Metz et d’Alsace, en nourrice chez Boiteux à Domangeville, est inhumée dans le cœur de la chapelle.

En 1769, le 5 novembre, à neuf heures du soir, est tué « par le tonnerre » en sonnant la cloche de la chapelle, Dominique Rollin, âgé de 15 ans.

En 1771, les gens de Domangeville demandent à l’évêque que le curé Vesque, de Pange, dise à nouveau la messe le lendemain de la Saint-Laurent, y fasse une procession de rogations et que le chantre vienne pour les vêpres chaque dimanche après celles de Pange.

En 1784, le 28 décembre est bénite par Colchen, curé de Pange, la nouvelle cloche de Domangeville : parrain : Marie-Luis Thomas, chevalier, seigneur de Pange, capitaine au régiment Royal-Champagne-Cavalerie (plus tard marquis de Pange, tué en Vendée) ; marraine : Anne-Marie-Louise Thomas de Domangeville, épouse d’Antoine Mégret de Sérilly, chevalier, baron du Thil. Le nom donné à la cloche fut : Marie-Louise.

Après la grande révolution, le curé de Pange est à nouveau autorisé à célébrer la messe à la chapelle. Mais «elle est pauvre» ; rattachée pour le civil à Sanry en 1812, la localité de Domangeville est maigrement représentée au municipal de la commune. Rien ne se faisant, le jour vint où la chapelle fut interdite au culte par l’autorité diocésaine (1852). En 1875, seulement, on fit réparer la toiture. Mais «la cloche menaçait encore de tomber ; la voûte était lézardée et une fenêtre manquait de vitre». On fit à nouveau quelques travaux en 1900 (plafond de planches, lait badigeon).

En 1936 on posa des cheneaux, M. Gombert, curé de Pange, fit approprier l’intérieur. M. Le marquis de Pange fit restaurer les vitraux de la chapelle par Thiria, verrier à Metz. Ces vitraux provenaient de l’antique église de Sainte-Barbe. Commandés au XVIème siècle par Claude Baudoche à Valentin Bousch, le célèbre verrier de la cathédrale de Metz, ils furent dispersés au moment où fut démolie la nef de l’église en 1827. Quelques fragments passèrent alors à la famille de Pange qui en plaça à Domangeville. A l’occasion de leur réfection en 1938, les maquettes des vitraux furent présentées à l’académie de Metz ; un vitrail représentait Saint-Jean et un autre Saint Gorgon (le même mais à cheval, se voit dans un vitrail de l’église de Varangéville près de Nancy).

Notons qu’à cette époque Mgr. Pelt, évêque de Metz, rendit visite à la population et à la chapelle de Domangeville. Mr. Léger , maire de Pange, étant alité, il y fut reçu par M. Maguin (grand-père de Jean-Marie Maguin), conseiller, en présence de M. et Mme de Pange et de M. Robert Schuman, député. Après avoir félicité tout le monde des résultats acquis l’évêque visita M. Humbert, sacristain, gravement malade.

Pendant la dernière guerre, le révérend père Ruffenach, curé de Pange, organise quelques offices à la chapelle ; En automne 1944, lors de l’avance américaine de Sanry sur Pange, un obus tombe sur le portail de la chapelle. Le mur avant fut endommagé et les vitraux de Bousch volèrent en éclats. On fit faire quelques travaux, mais depuis … charpente, couverture et tout l’intérieur de la chapelle, ouverte à tous les vents, restent dans un état lamentable. Ne pourrait-on former à Domangeville, première intéressée, un petit comité en vue de promouvoir une restauration ? Pour la chapelle, le temps presse. Comme le disait Jeanne d’Arc du royaume de France «C’est grant pitié».
Antoine Sutter.

Ont été consultés pour cet article :
• les archives départementales de Moselle ;
• les archives de l’évêché ;
• les archives de la bibliothèque de Metz ;
• les archives de M. le Marquis de Pange ;
• les archives de la commune de Pange ;
• les archives de la paroisse de Pange ;
• les ouvrages suivants : Reschland Elaass-Lothringen ;
• les articles Domangeville et Sainte-Barbe ;
• Dorveaux ; anciens pouillés du diocèse de Metz, Bour ;
• les études tympanaires mosellanes.